Clément est un extrêmiste de droite qui, sous les ordres de Serge, commet un attentat contre un député de gauche. Contraint de fuir, il trouve refuge avec sa femme, Anne, auprès d’un de ses amis, Paul, qui est pacifique. Clément part ensuite en Amérique Latine pour une opération secrète. Pendant son absence, Anne et Paul tombent amoureux…
Il s’agit du premier film de fiction d’Alain Cavalier, un réalisateur français un peu en marge du système de production et ne se réclamant pas spécialement de la Nouvelle Vague naissante, lorsqu’il débute sa carrière. Avec beaucoup de courage et de sens de l’observation, il écrit, à l’aide de Jean Paul Rappeneau aux dialogues, cette histoire d’un militant d’extrême droite mêlé à un attentat, rentrant en conflit amoureux avec son meilleur ami. Cavalier évoque autant la Guerre d’Algérie faisant rage à cette époque là que les agissements de l’OAS et ses groupuscules ultra violents. Au point de secouer la censure qui voit d’un mauvais oeil le traitement d’un sujet aussi brûlant dans le pays. Incitant à la réflexion, Le Combat dans l’Ile affiche très clairement ses intentions: parler de l’affrontement politique et idéologique de deux êtres amoureux de la même femme. N’oubliant pas le lyrisme au passage, Cavalier fait oeuvre de mémoire et d’audace en faisant de son personnage principal un « anti héros » antipathique et capable du pire, à tel point qu’il est plutôt difficile pour le spectateur de s’identifier à lui.
La réalisation, sobre et un tantinet froide, met ses comédiens en valeur: Jean Louis Trintignant excelle dans cette composition du sale type dépourvu de scrupules et prêt à se venger coûte que coûte, son acolyte et rival Henri Serre (que l’on retrouvera quelques mois après dans Jules et Jim) dénote avec sa force tranquille, sa voix exagérément posée, mais finit par séduire la belle héroïne. Cette dernière est la vraie surprise du film: Romy Schneider joue là son premier grand rôle dramatique en langue française et elle est admirable. De beauté, de sensibilité, de fraicheur. Sa tirade sur son sentiment d’incapacité à jouer la comédie (elle incarne une actrice de théâtre pleine de doutes) fait littéralement frissonner. Entre austérité et clin d’oeil au polar noir américain dans le duel final, cette oeuvre a toute sa place dans les belles réussites de notre cinéma hexagonal. Quelque part entre l’ambition auteuriste et le souci commercial.
ANNEE DE PRODUCTION 1962.
