Frédérique, une jeune provinciale, décide, à la mort de sa mère, de monter à Paris pour retrouver son père qu’elle n’a jamais connu. Lorsqu’elle découvre que ce dernier, bon chic bon genre, et aussi homo, vit avec Francis, un black très comme il faut, elle a une idée: pour approcher ce couple « branché », elle se fait passer pour un garçon quelque peu efféminé et se présente comme le fils venu réclamer reconnaissance…
Avec ce pitch totalement fou et son titre osé, Le Derrière est le second film de réalisatrice de l’impayable Valérie Lemercier, n’en finissant pas d’ajouter des cordes à son arc de talents déjà bien fournis! Humoriste, scénariste, actrice, metteur en scène, elle porte ici pas moins de trois casquettes et offre une comédie à la fois décalée, impertinente, jouant avec les clichés sur l’homosexualité et délivrant des répliques d’une drôlerie irrésistible, tout au long de séquences devenues cultes! Faisant passer la vulgarité facile au second plan, Valérie Lemercier préfère la grivoiserie et la farce (non dénuée d’un regard tendre) et nous embarque dans un mélange intelligent de caricature et de comique qu’elle seule maitrise avec ce don là! Renvoyant le politiquement correct au vestiaire, Le Derrière s’amuse avec des quiproquos dignes du théâtre de boulevard, où la confusion des genres prend aisément sa place, mettant en scène des folles tordues que l’on avait plus vu aussi amusantes depuis La Cage aux Folles. La mise en scène n’est pas ultra inventive, elle sert surtout le propos et le prétexte à des saynètes où l’on rit beaucoup.
La grande réussite du métrage réside dans la case interprétation car tous et toutes déclenchent l’hilarité (Marthe Keller en bourgeoise un peu snob, Franck de la Personne en femme de ménage outrée) et la palme revient au couple Claude Rich/Dieudonné (incarnant un proctologue fan de Mini Babybel!), improbable sur le papier, et qui respire l’authenticité et le jeu permanent. Ils sont tous deux à l’unisson et tellement convaincants. Enfin, un dernier mot pour Mlle Lemercier, tour à tour touchante, tordante, excellente aussi bien en garçon très efféminé que savoureuse quand elle réapparait en vraie femme (au corps et aux jambes parfaites!). Un cas unique en son genre! Ce Derrière nous laisse sur le cul, c’est le cas de le dire!
ANNEE DE PRODUCTION 1999.
