Dans un hôtel de Montpellier, Milan, tueur à gages, est contrarié en permanence par la présence de Pignon, un brave paumé qui tente de suicider dans la chambre voisine, par dépit amoureux. Bien que tout les oppose, Milan se voit contraint d’aider l’infortuné, sans jamais parvenir à mettre en oeuvre ses préparatifs.
Avec cet opus, le personnage de François Pignon, homme maladroit, chieur, faible et malgré tout attachant, fait son apparition dans l’écriture des scénarios de Francis Veber, un des auteurs les plus doués de la comédie française des années 70 à 2000. Derrière la caméra, Edouard Molinaro, bon réalisateur de films populaires, sert le texte très drôle de Veber et met en scène cette frénétique et fort bien rythmée comédie. Opposant deux personnages aux antipodes l’un de l’autre (le ressort indispensable pour provoquer le rire),L’emmerdeur raconte la rencontre entre un implacable et peu commode tueur à gages et un benêt suicidaire et casse burnes, collant comme c’est pas permis. D’où une escalade de quiproquos, de gags et de répliques dignes du meilleur théâtre de boulevard et parfaitement rendus à l’écran. Au départ d’ailleurs, il s’agissait d’une pièce intitulée Le Contrat et dont le futur auteur de La Chèvre et du Diner de Cons parvient à garder le plus drôle, en resserrant au maximum l’action sur le rapport très étroit entre les deux protagonistes, d’où une durée de seulement 1H21, nette, simple et concise. Sans gras.
Emmené par le duo Lino Ventura/Jacques Brel dont l’osmose fait plaisir à voir, le film est devenu un classique. Les deux acteurs jouent à l’unisson, Ventura avec un minimum d’effets excelle dans le registre du mec bourru excédé mais demeurant stoïque (jusqu’à un certain point…) et Brel, peu habitué à déclencher des rires, se révèle tout à fait adéquat pour ce rôle d’emmerdeur fini. Ce sera hélas son ultime film, mais certainement celui qui aura le mieux prouvé ses capacités à faire exister un personnage et à mettre en retrait son statut de chanteur.
ANNEE DE PRODUCTION 1973.