Jean Doucet, instituteur dans un village normand, est accusé de tentative de viol par Catherine, une de ses élèves de 14 ans. Alors qu’il clame son innocence, deux autres élèves lancent de nouvelles accusations. Le doute persiste tant qu’il est arrêté. Sa femme le soutient malgré tout. Mais quelle est la vérité?
Ancien avocat devenu metteur en scène, André Cayatte a connu de grands succès avec des films comme Justice est faite ou le plus connu Mourir d’Aimer. Il traite ici d’un sujet fort: un jeune professeur se retrouve accusé de viol et doit trouver un moyen de prouver son innocence. Cayatte retrouve les thèmes qui font l’essentiel de son cinéma: la justice, l’injustice, le mensonge et la vérité. Et aussi les failles des enquêtes policières. Très habilement, son récit nous manipule et nous entraine dans le doute permanent, nous laissant juger sur pièces des éléments apportés par l’histoire. Le personnage principal a beau sembler honnête et droit, qu’est ce qui prouve qu’il n’a pas un double visage? Pourquoi ces jeunes filles mentiraient elles ainsi? S’agit il d’un sombre pédophile? Ou simplement d’un pauvre homme victime de la calomnie? Autant de questions passionnantes soulevées par Cayatte, dont la mise en scène très « carrée » et un peu conventionnelle, ne veut qu’une chose: servir son propos.
Sur le fond, le film garde une force actuelle avec son sujet encore malheureusement moderne. Sur la forme en revanche, la mise en images a pris un coup de vieux qui n’altère pas les autres qualités réelles. L’interprétation par exemple est à saluer: pour son galop d’essai en tant qu’acteur, Jacques Brel incarne avec justesse cet homme pris dans l’étau judiciaire malgré lui. Son inexpérience sert le rôle d’une certaine manière. Par ailleurs, ses partenaires féminines composent toutes de belles prestations: Emmanuelle Riva en épouse obstinée et amoureuse, et les jeunes Nathalie Nell et Delphine Desyeux impressionnent par leur implication. Un bon film témoin d’une France d’avant les événements de 68 et montrant également les mentalités de la société d’alors.
ANNEE DE PRODUCTION 1967.