LOLA MONTES

Réduite à la déchéance, la scandaleuse Lola Montés est contrainte de donner en représentation sa fabuleuse destinée, sous le chapiteau d’un cirque gigantesque…

Ultime film de Max Ophuls, cinéaste itinérant au talent multiforme, Lola Montés fut également une oeuvre maudite, car l’échec terrible qu’elle rencontra auprès du public et des critiques contribua certainement à sa mort prématurée. Avec le recul, que reste t’il alors de ce film ayant déchainé tant de passions négatives, avant d’être réhabilité des décennies plus tard? Tout d’abord, Ophuls souhaitait s’éloigner au maximum de la biographie conventionnelle pour narrer le destin de cette courtisane arriviste et il opta donc pour un récit « éclaté » dans des flash backs désordonnés, à la manière de ce qu’avait fait Orson Welles avec Citizen Kane. Déroutant, ce scénario démarre ainsi par la déchéance de son héroïne, risquant tous les soirs sa vie dans un cirque où elle est devenue un « phénomène de foire », elle qui fut adulée autrefois par les plus grandes Cours d’Europe. On suit alors ses amours d’antan avec Listz ou le Roi de Bavière, sa place et son pouvoir dans un monde où elle brillait et fascinait. Ophuls utilise pour la première fois le Technicolor et le met au service de son style unique: splendeur des décors, majestuosité des costumes, figuration nombreuse… Sans cesse en mouvement, sa caméra filme ses personnages en train de bouger, d’évoluer, de fuir, de courir, comme pour tenter d’échapper à la mort ou à leur inéluctable destinée, d’ailleurs comme presque toujours dans les précédents chefs d’oeuvres de l’auteur de La Ronde, Le Plaisir ou Madame De. D’un baroque excessif, sa mise en scène ultra élaborée et avant gardiste prend tellement « de place » qu’elle en sacrifie quelque peu l’émotion. En effet, la chute sociale et affective de Lola n’est pas décrite de manière mélodramatique et en découle de ce fait une impression de « distance froide ». Les séquences de cirque sont de loin les plus somptueuses, non seulement esthétiquement, mais au niveau de sa thématique: Ophuls dénonce le sensationnalisme et la surenchère médiatique avec une féroce ironie.

Ecrit pour sa muse Danielle Darrieux, le film ne put financièrement se monter que sur le nom d’une autre vedette de l’époque qu’Ophuls ne désirait pas diriger au départ. Martine Carol, actrice charmante au jeu médiocre, écope du rôle et l’incarne avec une rigueur un peu figée, servant paradoxalement le film. Ses capacités dramatiques insoupçonnées restèrent hélas sans lendemain. Elle fait de sa Lola un écran passif sur lequel les hommes projettent leurs fantasmes, y compris le bateleur du cirque, campé par un Peter Ustinov survolté. Avant de se risquer à une interprétation à l’emporte pièce, Lola Montés est surtout le récit d’une agonie: celle d’une femme jadis irrésistible devenue une artiste de second plan, que même sa légende ne peut sauver de la mélancolie la plus inguérissable. Annonçant aussi finalement le crépuscule d’Ophuls lui même dans un feu d’artifice de rouges et de bleus tout à fait flamboyant.

ANNEE DE PRODUCTION 1955.

 

 

REVIEW OVERVIEW

Réalisation
Scenario
Interprétation

CONCLUSION

Le chant du cygne du maitre Ophuls, admirable metteur en scène hautement perfectionniste. Sublimes décors, costumes pour le récit d'une déchéance racontée sous forme de puzzle. Martine Carol dans son seul rôle tragique n'empêche pas un déficit dans l'émotion pure.

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