Un couple aisé d’un beau quartier de New York, dont la vie ronronne gentiment, s’inquiète de la mort soudaine de leur voisine de palier, dont le mari semble cacher de lourds secrets. Ils décident de mener eux mêmes leur enquête, persuadés d’avoir un meurtre à résoudre…
Tout le génie comique de Woody Allen semble condensé ici en un seul et même scénario! Un script savoureux mêlant en permanence la comédie la plus débridée et un ton plus volontiers policier. Ce couple un peu fatigué et menant une existence trop tranquille se met en tête de résoudre une énigme entourant le décès plus que suspect d’une femme et les agissements du mari ne font que confirmer leurs doutes. Ils s’improvisent alors détectives privés et vont aller de surprises en surprises… Allen raffole de ces histoires à la fois légères et dramatiques, où un parfum de mystère flotte, entrainant le spectateur sur le chemin des rebondissements les plus improbables, mais surtout les plus décalés et donc les plus drôles! Il s’inspire ici des meilleurs films de Billy Wilder et plus précisément d’Assurance sur la Mort, un polar inoubliable et vénéneux écrit avec maestria. Pleine d’esprit, imaginée avec le plus grand soin, et tournée dans la ville de sa vie, cette comédie policière décapante va à cent à l’heure, au rythme des personnages, tous sur le qui vive pour dénicher la vérité. On pense aussi beaucoup à Fenêtre sur Cour d’Hitchcock, l’humour allenien en prime, avec des répliques véritablement anthologiques du genre: « Garde ta folie pour la ménopause!’ ou « Quand j’entends du Wagner, j’ai envie d’envahir la Pologne! ».
Avec ses idées tordues et ses séquences à la limite de l’absurde, Meurtre mystérieux a surtout la vocation de faire rire, détendre, et de nous mener en bateau avec délice. Tourné peu après sa séparation d’avec Mia Farrow, Woody a été bien inspiré de proposer à son ancienne première muse, Diane Keaton, d’être sa partenaire de jeu. Irrésistible et charmant, leur couple fonctionne aussi bien qu’à l’époque d’Annie Hall. Dans les seconds rôles, Alan Alda et Anjelica Huston trouvent des emplois remarquables à tenir. Le final, rendant un hommage direct à La Dame de Shangaï d’Orson Welles, termine sa course dans une galerie de miroirs, où les apparences volent en éclats avec fracas, achevant de faire de cet opus l’un des meilleurs de son auteur.
ANNEE DE PRODUCTION 1993.
