NUE PROPRIETE

Pascale, divorcée, habite dans une très belle maison avec ses deux grands fils, des jumeaux, Thierry et François. Ils sont à l’aube de l’âge adulte, aussi songe t’elle à refaire sa vie: pour ce faire, elle veut vendre la propriété. Ses fils, qui en ont la nue propriété, s’y opposent farouchement, et entre en conflit ouvert avec elle, surtout le cadet Thierry. Elle renonce à la vendre, mais de guerre lasse, les quitte. La tension s’exacerbe entre les deux garçons en son absence…

D’origine belge, Joachim Lafosse fait ses armes de metteur en scène en se penchant surtout sur la sphère familiale, ses névroses, ses tensions. Avec ce troisième long métrage, écrit en collaboration avec François Pirot, il plonge la tête la première dans une situation à priori banale au départ (une femme divorcée vit avec ses deux grands enfants dans une immense demeure qu’elle souhaite vendre, contre l’avis de ces derniers), et tisse peu à peu un drame familial au climat pesant, où les non dits succèdent à des paroles souvent dures, et globalement à une violence des rapports. Violence psychologique entre la mère et l’un de ses fils en particulier, et violence physique entre les deux frères pourtant proches par ailleurs. Le récit élude l’écueil des explications trop poussées et laisse s’installer les séquences avec un calme apparent (on ressent tout de même une montée en puissance d’un éclatement imminent). La mise en scène, aussi froide que distanciée, évoque celle d’Haneke (avec en prime l’absence de musique aux génériques du prologue et de la fin), avec toutefois moins de maitrise et le résultat s’avère aussi un peu moins percutant.

Entre cette mère déglinguée par le temps, désireuse de refaire sa vie, et ces deux fils, bousculés dans leur non désir de quitter l’enfance confortable et dorée qu’ils ont connu, l’incompréhension prend toute la place et la caméra filme ce trio malade dans leur quotidien répétitif et enfermé dans cette maison, donnant un vrai sentiment de huis clos oppressant. Magnifique interprétation d’Isabelle Huppert, secrète, dure et perdue à la fois face aux deux frères jumeaux (dans la vraie vie aussi!), Jéremie et Yannick Rénier, livrant avec force leurs partitions pleine de vérité. Les longs plans fixes et la rudesse du propos (aussi déprimant soit il) annoncent les deux très belles réussites futures de Lafosse: L’Economie du Couple et surtout Les Intranquilles. Du cinéma âpre qu’il faut avoir le coeur (et l’envie) d’appréhender.

ANNEE DE PRODUCTION 2007.

 

 

REVIEW OVERVIEW

réalisation
scenario
interprétation

CONCLUSION

Aride et dur, ce drame familial oppressant rappelle le cinéma d'Haneke. Lafosse n'est pas aussi doué que le maitre autrichien mais dirige son trio avec grandeur: Huppert magistrale et les deux Rénier.

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