Polly Maggoo est un mannequin très en vue à Paris, malgré ses origines américaines. Un réalisateur et un journaliste, sous prétexte d’une émission portrait, vont se servir d’elle pour démystifier le monde de la mode.
William Klein est un artiste peintre, plasticien, graphiste et photographe et ne fut le réalisateur que de quelques documentaires et de ce long métrage, ne ressemblant à aucun autre. Polly Maggoo est une satire des médias (avec une vision plutôt juste sur ce qu’ils allaient devenir trente ans plus tard), de la célébrité et de la mode. Bien que certaines trouvailles visuelles et un humour caustique restent notables aujourd’hui, le film prend vite l’aspect foutraque et désordonné d’une sorte de faux documentaire, sans queue ni tête, et partant dans tous les sens, sauf celui de la cohérence. Faute à un manque de vrai scénario et à une structure vraiment élaborée. A la même époque, Godard faisait aussi des faux raccords, des prise de sons parfois volontairement inaudibles ou faisant « amateur », et Klein ambitionna sûrement de faire pareil. Ca ne fonctionne qu’à de rares moments, le plus souvent l’ennui nous gagne et la perplexité l’emporte sur l’admiration. A la fois loufoque, bordélique et fantaisiste, le film a acquis avec le temps un statut d’Ovni ciné et un culte que l’on peut trouver démesuré, tout du moins surfait.
Klein procède par collages (d’idées et d’images) un peu au petit bonheur la chance, et tombe à côté la plupart du temps. En parallèle du mouvement de la Nouvelle Vague, cette réalisation s’en inspire, s’en réclame et à la rigueur, peut on y dénicher là une sorte de manifeste pour la liberté! De créer, de s’amuser, de vivre la gloire éphémère… Au détour de quelques séquences, les participations de Sami Frey, de Philippe Noiret et surtout de Jean Rochefort amusent et passent pour agréables, à défaut d’être leurs meilleures prestations. En définitive, Polly Maggoo mélange l’entretien, le publi reportage, et le micro trottoir, mais ce mix hasardeux a perdu, cinquante ans après sa sortie, sa capacité à capter notre attention totale.
ANNEE DE PRODUCTION 1966.
