Madame Billard est veuve et vit à Auxerre. Elle a une dame de compagnie, Odile, à qui elle en fait voir de toutes les couleurs au quotidien. La pauvre femme en supporte beaucoup jusqu’au jour où elle finit par avoir un accident mortel, en voulant nettoyer un lustre. Ce sont ses neveux parisiens, un couple de Français moyen, qui récupère leur « chère » Tatie Danielle. Ils ne savent pas encore ce qui les attend…
Après un premier long métrage déjà très irrévérencieux et sacrément original, La Vie est un long fleuve tranquille, l’ancien publiciste Etienne Chatilliez réalise son second film de cinéma et pousse encore plus loin le bouchon de la comédie ‘poil à gratter », dont il a su se faire le grand spécialiste. En collaboration avec sa complice Florence Quentin, il imagine un scénario astucieux, assaisonné de dialogues savoureux, où la méchanceté de cette vieille dame servant d’héroïne principale dépasse tout ce que l’on a pu voir au cinéma dans le domaine des saletés ambulantes. Ce portrait satirique, volontairement outrancier, d’une octogénaire acariâtre et proprement insupportable déclenche tout à la fois des rires, de la jubilation, et de l’admiration tant cette teigne se permet les pires tours pendables pour rendre l’existence de sa famille infernale! Chatilliez a écrit des répliques absolument cultes, des situations caustiques et un ton décapant, sans jamais tomber pour autant dans le mépris, la comédie noire reste toujours sur le fil d’une férocité mordante qui ne cesse jamais d’être réellement amusante et atteint le zénith de son inspiration. Mesquine, capricieuse, doté d’un langage carrément ordurier, Tatie Danielle déteste à peu près tout le monde: les autres petits vieux, son couple de neveux pourtant dévoués, les chiens, et même les gosses qu’elle abandonne sciemment dans les jardins d’enfants! Le tournant du film advient au bout de plus d’une heure, lorsque confiée à une jeune fille payée pour la garder, elle va tomber ‘sur un os » et trouver finalement pire qu’elle: quelqu’un qui lui tient tête!
Le film repose aussi énormément sur sa distribution tout à fait formidable! Les seconds rôles se régalent dans des partitions comiques inoubliables, telles Catherine Jacob ou Isabelle Nanty, peut être jamais aussi excellentes qu’ici! Au détour de quelques scènes, on retrouve avec un plaisir immédiat une toute jeune Karin Viard en truculente esthéticienne gourmande de râgots. Mais la révélation totale demeure Tsilla Chelton, comédienne de théâtre, trouvant là le seul rôle notable de sa carrière au cinéma, mais quel rôle!! Son machiavélisme est joué de manière si convaincante que le public ne s’y est pas trompé. Total: plus de deux millions d’entrées! Et toujours cette question qui nous taraude: mais pourquoi est elle si méchante?? Parce que!!!!
ANNEE DE PRODUCTION 1990.
