Un marin pêcheur est prisonnier d’un bateau errant au large de l’Ile de Malte, apparemment abandonné, et dérivant au gré du courant. Mais est il seul sur la mystérieuse embarcation?
L’auteur de ce curieux projet est grec et s’appelle Winston Azzopardi. Avec un minimum de moyens, un budget ridicule, et un seul acteur (son frère Joe Azzopardi), il réussit un film concept plutôt gonflé, avec un script tenant sur un confetti: un homme face à une machine. Cette machine est un bateau dérivant sans passagers, sans vie apparente, comme hanté par un esprit malin. Ce huis clos maritime s’avère tout de suite prenant, angoissant et captivant. En effet, le côté irrationnel de l’intrigue questionne, crée un doute permanent, et nous entraine dans des zones obscures, aux frontières d’un fantastique tout à fait délicieux. Quasiment sans dialogues, à peine quelques notes d’un thème musical minimaliste mais très efficace, et la présence de cet acteur seul à l’écran, dont on éprouve la terrifiante solitude, puis progressivement la peur panique de ne pas savoir quel sort va lui être réservé.
Le cadre hostile de ce bateau nous oppresse et nous emplit d’un sentiment d’insécurité patent. Dans le registre de la suggestion et de l’indicible, Azzopardi nous régale d’une oeuvre pleine de mystères, de chausse trappes, dans laquelle l’ambiance a une place prépondérante. Si l’on devait associer The Boat à des films « jumeaux », on pourrait sans conteste le rapprocher de Christine de John Carpenter ou à un épisode de la Quatrième dimension, avec lequel il partage une étrangeté certaine. Il fait aussi référence à la fameuse légende du Hollandais Volant et aux vaisseaux fantômes de quelques fables extraordinaires. En tout cas, il se démarque à tel point de la production habituelle qu’il n’a pas eu la primeur d’une sortie en salles dans l’Exagone, le rendant du coup encore plus inclassable et singulier. Un OVNI naviguant sur les eaux bleues d’une Méditerranée bien inquiétante…
ANNEE DE PRODUCTION 2019.