Sandra, jeune trentenaire élevant seule sa fille, rend souvent visite à son père malade, Georg, qui fut un brillant prof de philo, désormais atteint d’une maladie neuro dégenérative. Alors qu’elle s’engage dans un long parcours du combattant pour le faire soigner, Sandra retrouve par hasard Clément, un ami perdu de vue depuis longtemps. Ce dernier est marié et père de famille, mais ils tombent rapidement amoureux l’un de l’autre…
Le cinéma sensible de Mia Hansen Love nous a déjà offert quelques belles oeuvres telles que L’Avenir, Maya ou dans une moindre mesure Bergman Island. La réalisatrice a le don de savoir nous raconter des histoires à la fois simples et romanesques, livrant les sentiments de ses personnages à de multiples tourments et des enjeux divers et variés. Ici, nous assistons à un joli portrait féminin, délicatement peint: Sandra est une femme et mère indépendante, vivant à la fois la fin de vie de son père tant aimé et le démarrage d’un nouvel amour bouleversant son coeur. Le film parle ainsi de la maladie assez frontalement, des conséquences qu’elle a sur la famille et son fonctionnement, du chaos provoqué par la possibilité de la mort se faisant plus « concrète ». Et en même temps, la lumière vient d’une relation amoureuse -certes adultère- mais permettant au récit de ne pas sombrer complètement dans la morosité ou la tristesse. D’ailleurs, Mia Hansen Love préfère orner sa narration de mélancolie avec une fluidité particulièrement touchante, fait en sorte que les protagonistes nous ressemblent jusque dans d’infimes détails.
Par bien des égards et très subtilement, la cinéaste joue une « petite musique » de la vie s’écoulant tout simplement, à la manière de Claude Sautet, auquel on pense quelquefois. Grandement aidée par son quatuor de comédiens, tous remarquables. Pascal Greggory joue ce père amoindri, désorienté et vieillissant avec une justesse infinie, Melvil Poupaud plus « attendu » dans le registre de l’amant passionné, Nicole Garcia de nouveau parfaite dans un second rôle qu’elle campe sans faillir. Quant à l’héroïne principale, elle est incarnée par Léa Seydoux, dont il n’est pas exagéré de dire qu’elle est surmédiatisée et employée à toutes les sauces. Pourtant, elle fait preuve d’un jeu très précis, émouvante comme rarement elle ne le fut auparavant. Deviendrait elle enfin une actrice de composition? Elle est en tout cas une des excellentes raisons d’aller savourer ce beau film.
ANNEE DE PRODUCTION 2022.
