En Août 1980, alors qu’elle campe dans l’outback australien en compagnie de son nouveau né Azaria, une jeune mère voit celui ci disparaitre, enlevé sous ses yeux par un « dingo », un chien sauvage. Accusée ensuite d’infanticide, le monde entier va bientôt se prendre de passion pour cette affaire incroyable. Elle clame son innocence, soutenue par son mari. Un procès s’organise…
D’après un fait divers réel (l’Affaire Chamberlain), Un Cri dans la Nuit est raconté le plus fidèlement possible par le cinéaste australien Fred Schepisi. Autant drame poignant qu’enquête policière, l’intrigue tourne autour de la mystérieuse disparition d’un bébé de deux mois, dont la mère témoigna toujours d’avoir vu un animal sauvage emmener son enfant et qui suscita d’abord une onde de choc dans l’opinion publique, avant que les rumeurs les plus folles ne finissent par émettre de sérieux doutes sur la possible culpabilité de cette femme. Le film rend compte de l’acharnement médiatique, des erreurs d’une justice imparfaite et surtout du combat d’une Mère Courage luttant pour prouver son innocence. Schepisi traite tous ces thèmes à la fois, trouvant un équilibre pas évident, cédant certes parfois à l’écueil des bons sentiments, mais signe un opus vibrant et surtout prenant. Le calvaire enduré par cette famille est relaté de façon graduelle, en montrant au départ leur désemparement total face au malheur, puis la vindicte populaire les pointant du doigt devient alors leur quotidien et les conduit à un procès édifiant. Dans cette nature australienne majestueuse (les rochers rouges, le soleil brulant, les herbes vertes), les personnages apparaissent infiniment vulnérables et comme dépassés par la tornade médiatique qui les balaie littéralement.
Dans ce rôle de femme forte, Meryl Streep apporte tout son Art et son incarnation peu commune fut justement récompensée par un Prix d’interprétation à Cannes. Affublée d’une perruque brune au bol, de vêtements peu valorisants, elle tire vers le haut le personnage de Lindy Chamberlain, digne jusqu’au bout, même lorsqu’elle est finalement incarcérée. A ses côtés, elle retrouve son partenaire de Plenty (autre film de Schepisi), Sam Neil, qui la seconde admirablement en époux vacillant et atteint par cette histoire qui le détruit à petit feu. Un Cri dans la Nuit décrit avec acuité comment par le biais d’hypothèses totalement farfelues et inventées un simple fait divers prend des proportions inimaginables.
ANNEE DE PRODUCTION 1989
