Paul Smail, jeune français d’origine marocaine, bardé de diplômes, n’arrive pas à décrocher d’emploi. Amoureux de Myriam avec qui il partage la passion de la littérature, il rêve de devenir écrivain. Entre ses boulots alimentaires et sa petite amie, Paul tente de protéger son petit frère Daniel qui use toute son énergie et sa santé à devenir Monsieur Muscle…
Après avoir fortement impressionné la critique avec un premier film sur la sexualité des handicapés, Nationale 7, le réalisateur Jean Pierre Sinapi signe ce drame social tiré d’un roman très joliment intitulé Vivre me tue, dont il garde justement le titre. Racontant les rapports entre deux frères d’origine marocaine intégrés en France, le film décrit leur parcours du combattant pour se faire une place dans la jungle parisienne, construire leur vie et trouver un sens à leur quotidien. L’un mise sur sa culture et ses capacités intellectuelles, l’autre sur son physique. Les bonnes intentions de Sinapi ne font aucun doute et il pose un regard bienveillant et humain sur ses personnages énergiques, en utilisant à la fois l’humour et l’émotion. Ce pamphlet sur l’intégration tente en même temps de traiter des thèmes aussi différents que l’amour, l’ambition, le racisme, la fuite en avant et il arrive à un moment où le récit, trop décousu, sort des rails et se perd un peu. Le désespoir existentiel du petit frère, en contrepoint du caractère ultra positif de son ainé, mène l’histoire vers un aspect mélodramatique un poil téléphoné.
Outre ses maladresses, Vivre me tue n’en demeure pas moins d’une belle générosité et porteur d’espoir. Ses comédiens en sont le coeur et le font battre indiscutablement. Le tandem Sami Bouajila/Jalil Lespert trouve une alchimie inattendue, chacun dans leur genre apportant leurs atouts, et font croire sans mal à cette fraternité touchante. Ils sont épaulés par la lunaire Sylvie Testud incarnant une jeune fille amoureuse et battante, ayant pourtant perdu ses idéaux. Sinapi compte peut être un peu trop sur eux pour emmener le film très loin, alors que s’il avait resseré son intrigue et évité des flash backs finalement inutiles, le résultat aurait pu être bien meilleur.
ANNEE DE PRODUCTION 2002.